
Le programme et l’organisation des unités des soins palliatifs au Maroc permettent une adaptation cohérente, responsable et éthique des services des soins palliatifs à cette situation de pandémie où certains types de prise en charge peuvent associer un risque élevé de contamination.
– Prioriser les consultations ne pouvant pas être différées, elles concernent les patients ayant une complexité moyenne à maximale :
- Instabilité clinique
- Concomitance de plusieurs symptômes non contrôlés
- Situations qui ne peuvent pas contrôlées à distance et ou par l’intermédiaire de l’aidant naturel principal
– Se limiter aux consultations des :
- Nouveaux cas adressés à l’unité des soins palliatifs pour une première évaluation
- Aidants naturels principaux des anciens malades pour renouvellement d’ordonnances et rapports de mise à jour des patients
– Un examen physique essentiel en soins palliatifs mais qui associe un risque de contamination important est celui de la muqueuse oropharyngée. Vue la prévalence importante des mucites par candida chez ces patients même en l’absence de traitement par chimio ou radiothérapie, on recommande le traitement local systématique des mucites même en l’absence d’examen quand le médecin ne dispose pas des moyens pertinents de protection.
- Seulement si indication extrême
- En l’absence d’alternative
- Élaborer un protocole d’hospitalisation directe
- Éviter les attentes pour accords d’hospitalisations
- Éviter les passages de l’unité patient-famille par le BAF (Bureau des admissions et facturations)
- Séjour d’hospitalisation le plus court possible
- Chambre individuelle
- HAD impossible à réaliser à cause d’une composante sociale complexe
- Geste impérativement indiqué ne pouvant pas être réalisé par l’aidant naturel principal
- Prioriser les ponctions d’ascite avec gêne respiratoire
- Le geste doit être réalisé par un seul soignant
- Il ne faut pas dépasser 2 patients par salle
- Désinfecter tout le matériel utilisé en incluant les fauteuils et ou les lits après utilisation
a) VAD possibles à maintenir :
– Conditions nécessaires :
- Chauffeur disponible
- Zone urbaine limitée à couvrir
- Nombre de malades limité
- Nombre de VAD limité
- Un minimum de matériel de protection disponible fait de masques FFP2, sur blouses, doubles gants, gel hydro alcoolique
– Méthodologie de travail :
- Prioriser les VAD ne pouvant pas être différées
- Unités patient-famille de complexité maximale
- Réaliser une VAD par sortie
- Un seul soignant (médecin ou infirmier) par VAD selon les besoins de l’unité patient-famille
- Appeler l’unité patient-famille avant de réaliser la VAD et vérifier l’existence de fièvre ou symptomatologie respiratoire
- En cas de fièvre ou symptomatologie respiratoire rapportée lors de l’interrogatoire téléphonique réaliser la VAD seulement si les moyens de protection maximale sont disponibles
b) VAD suspendues
– Descriptif de la situation :
- Chauffeur non disponible (redéployé)
- Zones urbaines très larges à couvrir
- Nombre de malades et de VAD habituel > 3 par jour
- Matériel de protection non disponible
– Méthodologie de travail
- Renforcer le suivi téléphonique
- Renforcer l’éducation sanitaire chez les aidants naturels principaux
- Faire des prescriptions médicamenteuses prolongées
- Doter les unités patient-famille de matériel cher ou difficilement accessible dans les pharmacies et nécessaire pour prodiguer des soins à domicile (gazes stériles pour les ions de palies tumorales ou escarres, seringues ou papillons sous cutanés, masques chirurgicaux, gants…)
– Le service téléphonique ne doit pas se limiter à recevoir des appels
– Des appels doivent être émis par les équipes des soins palliatifs pour le suivi de leurs patients selon un agenda d’appels téléphoniques programmés
– L’appel peut être réalisé avec le patient ou l’aidant naturel principal
– La durée de l’appel peut être variable selon le besoin
– La périodicité de l’appel dépendra du niveau de complexité à prendre en charge
* Complexité minime :
- Stabilité clinique ou patient asymptomatique
- Milieu social favorable
- Un appel téléphonique / 14 – 20 jours
* Complexité moyenne
- Présence de plusieurs symptômes concomitants
- Prise de plusieurs traitements
- Patients sous grandes doses d’opioïdes
- Patients en cours de titration d’opioïdes
- Patients ayant des plaies tumorales ou escarres
- Un appel téléphonique 1 à 3 fois / 7 jours
* Complexité maximale
- Très haute complexité émotionnelle et ou spirituelle
- Phase de derniers jours
En général, la durée de la prescription doit être prolongée et donner toujours des rendez-vous pour les renouvellements d’ordonnance pour éviter les encombrements des salles d’attente
a) Les opioïdes
- Doter les patients ramédistes de traitement suffisant un mois au minimum
- Pour les patients non ramédistes faire des prescriptions de 28 jours
b) La corticothérapie : la dexamethasone
- Maintenir les traitements par dexamethasone
- Faire toutes les prescriptions des doses prévues pour les patients en une seule consultation
- Orienter à travers le suivi téléphonique pour les doses correspondantes à chaque cycle
c) Matériel
– Dotation de gazes stériles, gants, masques chirurgicaux, seringues sous cutanées, pompe à perfusion sous cutanée
Les aidants naturels principaux
– Il est recommandé de désigner deux aidants naturels principaux
- Un ANP qui prodigue des soins au patient et par conséquent directement en contact avec le patient. Cet ANP ne doit pas se déplacer aux centres de santé
- Un ANP qui se déplace aux centres de santé pour récupération d’ordonnance, mis à jour avec le médecin traitant. Celui-ci ne doit pas être en contact avec le patient.
– Renforcer les mesures d’hygiène
– L’ANP doit porter des gants au moment du toilettage ou changements posturaux du patient
– Ventiler le domicile
– Maintenir une bonne hydratation du patient
– Renforcer l’hygiène buccale et de la peau
– Restreindre les visites au patient
– Utiliser des appels vidéo WhatsApp entre le patient et les autres membres des familles et amis pour éviter son isolement
– Transmettre du calme et sérénité au patient
– Demander de l’aide à la communauté (pour les courses, quelques tâches, déplacements à l’hôpital)
Les soignants :
Renforcer et promouvoir les outils du self care :
- Le travail en équipe efficace avec des espaces de ventilation d’émotions
- Pratiquer le renfort positif en se focalisant sur les résultats positifs obtenus
- Se libérer des sentiments de culpabilité et reconnaître certaines limites qui dépendent uniquement du système
- Accepter ses émotions et sa vulnérabilité
- Prendre soins de son esprit avec l’exercice physique, la méditation
- Se protéger de la sur information
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